Question électrique sur le 4e20

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Ben
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Question électrique sur le 4e20

Message par Ben »

Question aux possesseurs de moteur Potez 4e20, ayant fait faire par le Dr Potez la mise en place de l'alternateur qu'il préconise.

Cette modif, je l'ai faite il y a 2 ans.

Ce soir, petit test :
contact général ON
mise en route
alternateur ON
radio ON

Jusque là tout va bien ?

contact général OFF -> la radio reste allumée :l'alternateur alimente la radio -> normal

alternateur OFF (contact général toujours OFF)-> la radio s'éteint ?

Et bien non ! Toute alimentation électrique coupée, la radio est toujours alimentée par l'alternateur ! Ce qui veux dire qu'en cas de court-circuit en l'air, j'ai beau coupé toutes les alimentations électriques, j'ai toujopurs mon court-circuit et j'ai donc fort peu de chances de connaître un jour mes petits enfants (mon fils n'a que 11 ans ... :lol: )

Faites le test chez vous et tenez moi au courant (si j'ose dire)

Merci
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cp1315
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Message par cp1315 »

Salut Ben

Verifies où ta radio est connectée.

Il y a de forte chance qu'elle soit connectée sur la barre bus alimenté par l'alternateur.

Normallement, l'alternateur qui est installé par le docteur Potez est auto excité, c'est à dire qu'une fois le moteur démarré, l'alternateur fournit en permanence, tu ne peux plus le couper, sauf par un relais ou interrupteur sur le circuit de charge, il fournira toujours, mais plus dans le circuit avion, c'est pour ça que ta radio ne s'eteint plus, et ta barre bus est toujours alimentée (il faut donc imperativement un relais ou interrupteur sur le circuit de charge de l'alternateur, le docteur Potez n'avait pas prevu ça !!!) Le bouton d'origine prevu sur le tableau de bord pour la coupure de l'alternateur était prevu pour couper l'excitation sur une generatrice, avec regulateur deporté. Ca marchait !!!


Si cela t'embete, connecte ta radio juste apres le coupe circuit general batterie et avant l'interrupteur Normal/Secours, sinon installe un coupe circuit sur le circuit de charge de l'alternateur, c'est plus sur

Laurent
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Philippe Dejean
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Différence entre alternateur et dynamo

Message par Philippe Dejean »

Bonjour à tous,

Au delà du problème de circuit électrique, l'expérience de Ben montre la différence fondamentale entre la dynamo (machine à courant continu) et l'alternateur (qui comme son nom l'indique est une machine à courant alternatif... Même si on le dote d'un redresseur).

Dans les deux machines la force électro motrice (pour faire simple, la tension à vide) est proportionnelle au flux magnétique coupé par unité de temps. A géométrie fixée, la tension à vide est proportionnelle :
1/ au champ créé par l'inducteur (c'est à dire au courant d'excitation tant qu'on atteint pas la saturation du fer)
2/ à la vitesse de rotation

Dans le cas de la dynamo le courant qui s'établit aux bornes est proportionnel à la tension à vide et inversement proportionnel à la somme de la résistance de la charge (utile) et de la résistance interne de la dynamo.
Le couple résistant de la dynamo est proportionnel au courant qu'elle fait circuler. Ce qui fait que le produit de la vitesse de rotation par le couple résistant, c'est à dire la puissance mécanique absorbée est égale au produit de la tension à vide par le courant produit, c'est à dire la puissance électrique brute, qui elle-même est composée des pertes interne et de la puissance (utile) dissipée dans la charge.
Bien entendu, on se débrouille pour que la résistance interne soit notablement plus petite que celle de la charge, et que la majorité de la puissance absorbée soit transformée en électricité utile et pas en chaleur dans la dynamo.

Dans le cas d'un alternateur, et du courant alternatif, le courant est limité non plus par la résistance du circuit, mais par son impédance.
Comme la charge est placée en aval d'un redresseur, l'impédance de la charge se limite (comme dans le cas de la dynamo) à sa résistance.
Par contre, pour la partie alternative du circuit, c'est à dire dans l'alternateur lui-même, l'impédance est la somme (vectorielle) de la résistance interne R de l'alternateur et de son inductance X (Xd réactance synchrone non-saturée pour les puristes !)

X est égale au produit de la self du circuit L par la vitesse de rotation (oméga).

Or quand l'alternateur à sa vitesse nominale, X est non seulement très supérieure à la résistance interne R, mais même aussi très supérieur à la résistance de la charge qui absorberait sa puissance nominale.

A ce stade certains se demandent sûrement comment l'alternateur peut encore produire plus de puissance que de pertes si l'impédance interne est supérieure à celle de la charge. En fait, c'est que les pertes liées au courant sont seulement dues à la résistance interne qui est très faible. L'effet de l'inductance, c'est de s'opposer aux variations cycliques du courant en stockant et en destockant de l'énergie sous forme magnétique deux fois par alternance. L'inductance freine le courant alternatif mais ne dissipe pas d'énergie.

Au début, on a vu que la force électromotrice est proportionnelle à l'induction et proportionnelle à la vitesse de rotation. Et dans l'alternateur, l'impédance principale du circuit, l'inductance X est également proportionnelle à la vitesse de rotation.
Donc le courant, égal à la tension à vide divisée par l'impédance est (au premier ordre, toujours pour les puristes !) le produit d'un terme proportionnel à la vitesse de rotation, divise par un autre terme également proportionnel à cette même vitesse de rotation. Ce qui revient à dire que le courant est indépendant (au premier ordre) de la vitesse de rotation.
Autrement dit, l'alternateur se comporte comme une source de courant proportionnelle au courant d'excitation, alors que la dynamo se comporte comme une source de tension proportionnelle au courant d'excitation. Dans le cas d'une voiture ou d'un avion équipé d'un alternateur c'est la batterie qui fixe la tension.

Une application bien connue de tous de cette caractéristique des alternateurs est... la dynamo de vélo.
(Le terme dynamo est totalement erroné puisqu'il s'agit d'un aimant permanent tournant devant une bobine, c'est à dire d'un alternateur à aimant permanent)
Il suffit de rouler au pas pour que l'ampoule du vélo commence à briller et on peut rouler très vite (en descente) sans griller cette même ampoule car quand la vitesse de rotation varie d'un facteur 10, le courant varie à peine d'un facteur 2.

Dans le cas de l'avion rééquipé d'un alternateur, on se trouve confronté au remplacement d'une source de tension par une source de courant.
Pour couper une source de tension, il faut ouvrir le circuit.
Si on fait la même chose avec une source de courant (réelle, pas idéale), on se retrouve avec une tension aux bornes de l'interrupteur égale à la tension à vide qui est très supérieure à la tension en charge. (un alternateur de voiture 12 V peut facilement atteindre une centaine de volts) Il faut que l'interrupteur (et aussi le redresseur !) supporte cette tension...
Ce qu'on peut faire aussi, à condition qu'on puisse couper le courant d'excitation ou du moins le limiter à une valeur acceptable, c'est de court-circuiter l'alternateur en amont du redresseur. (C'est la vraie manière de couper un génerateur de courant)

J'espère que tout ça permettra de mieux comprendre :no: ce qui se passe du côté de ce petit cylindre entrainé par une courroie... Et qui en général, sait très bien se faire oublier. :lol:

Bons vols (avec une lampe de poche à portée de la main si vous volez le soir :angel_not: )

Philippe Dejean
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cp1315
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Re: Différence entre alternateur et dynamo

Message par cp1315 »

Philippe Dejean a écrit : Il faut que l'interrupteur (et aussi le redresseur !) supporte cette tension...
Ce qu'on peut faire aussi, à condition qu'on puisse couper le courant d'excitation ou du moins le limiter à une valeur acceptable, c'est de court-circuiter l'alternateur en amont du redresseur. (C'est la vraie manière de couper un génerateur de courant)
Philippe Dejean
Sacré Philippe !!!! :lol:

J'ai l'impression de me retrouver sur les bancs de l'école !!!!

Toujours aussi instructif tes explications.

Pour ce qui est de couper l'excitation de l'alternateur, il faut pouvoir démonter le regulateur qui est generalement installé dans le corp de l'alternateur, puis trouver le fil qui va bien et l'amener au tableau de bord, plus facile à dire qu'a faire !!!!

Il me semble que, selon le constructeur ou le modele, certains alternateur possede une connection pour cette fonction, mais je n'en suis pas sur.

Laurent
Ben
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Message par Ben »

Merci pour ces explications, mais tout ça me confirme que la modif' du Dr Potez n'est pas acceptable ! ON NE PEUT PAS COUPER TOUTES LES ALIMENTATIONS ELECTRIQUES ! Si vous vous trouvez ça normal, pas moi ! Et ce qui l'est encore moins, c'est qu'il n'informe pas ces clients du risque !
Je commence à avoir une idée claire du personnage ...
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Philippe Dejean
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Ben sous haute tension ?

Message par Philippe Dejean »

Bonjour à tous

Ben, ne monte pas sur tes grands chevaux!
Un alternateur, c'est une très bonne manière d'alimenter un circuit électrique d'avion, et ton cas n'est peut-être pas aussi catastrophique que tu le crois

1/ Trouver un interrupteur général capable de couper le courant nominal (60A?) et de supporter la tension à vide d'un alternateur (disons une bonne centaine de Volts) ce n'est quand même pas la mer à boire!
(Un bon vieux coupe-circuit "robinet de batterie" de Jeep ou de camion GMC vieux de plus d'un demi-siècle en est largement capable...)

2/ Je ne connais pas le type d'alternateur que tu as, mais :
Certains sont régulés pour fournir un courant constant (nominal) quand la tension batterie est inférieure à un seuil. D'autres pour fournir un courant croissant quand la tension batterie diminue.

Dans le premier cas, court-circuiter l'alternateur en amont du redresseur ne pose aucun problème. L'alternateur est concu pour supporter le courant nominal en permanence. Que la tension aux bornes soit annullée par le court circuit limite la puissance utile (produit courant par tension) à zéro. Donc, comme l'inductance de l'alternateur ne dissipe toujours pas d'énergie, la puissance mécanique consommée se limite aux pertes normales de l'alternateur, c'est à dire quelques dizaines de watts tout au plus : rien qui soit capable de le faire fumer.

Dans le second cas, il faut vérifier (avec un ampèremètre et pendant un temps assez court !) le courant qui passe en cas de court-circuit de l'alternateur. Si comme dans la plupart des cas, le courant est limité à une valeur raisonnable, on se retrouve dans le premier cas. Sinon, effectivement, il faut faire la modif d'ouverture du circuit d'excitation.

Pour avoir fait une partie de mon école sur Cessna (Oui, je sais, moi aussi j'aurai préféré un Piel !) je me souviens bien que le circuit électrique était composé d'un "BUS" principal sur lequel était connectés, l'alternateur, la batterie, et les différents utilisateurs.
Chaque utilisateur était protégé par un interrupteur-fusible unipolaire(Breaker)
Un interrupteur principal unipolaire "MAIN" permettait d'isoler l'ensemble alternateur-batterie du reste des utilisateurs.
Un interrupteur secondaire "Exc" ouvrait le circuit d'excitation de l'alternateur.
La disposition particulière de ces deux interrupteurs avait les effets suivants :
- L'ouverture du "MAIN" entrainait obligatoirement l'ouverture de "Exc"
- La fermeture de "Exc" entrainait obligatoirement la fermeture de "MAIN"
Les positions autorisées étaient donc :
- Tout éteint (Normal à l'arrêt)
- Tout alimenté (Normal en vol)
- Alimentation des consommateurs par la batterie, l'alternateur étant inhibé. Cette position est particulièrement intéressante quand on veut utiliser les radios au sol, moteur à l'arrêt, sans faire chauffer inutilement le rotor de l'alternateur.

Cette disposition a aussi l'intérêt de permettre la vérification de l'état de la batterie avec un voltmètre sur le tableau de bord lors de la procédure de mise en route :
1/ mise sous tension batterie quasi à vide : au moins 2 Volts par éléments s'il en manque nettement, c'est qu'un ou plusieurs éléments sont en court-circuit.
2/ démarrage du moteur : la tension chute, mais doit rester à une valeur raisonnable (au moins 8 Volts pour une batterie de 12 V) sinon, c'est que la batterie est anormalement déchargée : vérifier s'il n'y a pas de masses intempestives.
3/ Mise en route de l'excitation alternateur : la tension monte à 14 V environ sinon, c'est l'alternateur qui a un problème.
De plus un simple voltmètre est beaucoup plus facile à câbler (section et longueur de câble) et à protéger (fusible) qu'un ampèremètre... Mais on continue à trouver plus d'ampèremètres que de voltmètres sur nos tableaux de bord... Je crois que c'est une réminiscence historique de l'époque où on rechargeait les batteries avec des dynamos (source de tension) et où on voulait contrôler le courant de charge... Il serait peut-être temps de faire évoluer les idées.

Bon !
Pour faire simple, (pour faire court, c'est déjà râté!) je pense que la solution "Cessna" est à la fois assez sûre et assez complète (avec un voltmètre sur le "BUS"). Dans l'impossibilité de couper l'excitation, mettre un coupe circuit en aval de l'alternateur (entre l'alternateur et la batterie) et...

Bons Vols
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