Bonjour à tous,
laverlochere a écrit:
Je confirme qu'aucun véhicule fonctionnant à l 'E85, n'a de réservoir additionnel pour le démarrage à froid...
Exact ! et pour la bonne raison que l' E85, comme le SP95 E10 d'ailleurs, est un mélange !
L' E85 contient environ 85% d'éthanol et le SP 95 E10, environ 10%.
Le reste, respectivement 15% et 90% environ, ce sont des produits pétroliers et des produits de synthèse dont le but est d'adapter les caractéristiques du mélange aux besoins des moteurs qui sont sensé les avaler.
Concernant le SP95-E10, l'essentiel étant un produit pétrolier, l'éthanol est un additif dont le rôle principal est de remonter l'indice d'octane du produit de base. des additifs supplémentaires pallient partiellement aux inconvénients de ce premier mélange (essence de base + éthanol) afin de le faire avaler sans problème aux moteurs conçus pour le SP95 sans éthanol (c'est à dire la grande majorité des moteurs à essence des voitures de moins de 20 ans).
L'intérêt technique et économique du SP95 est assez limité, voire contestable, mais en dégageant un débouché potentiel de presque 10% de la consommation d'essence par les voitures en France, il a représente un marché garanti pour le bioéthanol de première génération...
Pour les anciens moteurs d'avion conçus pour avaler la 80/87, l'indice d'octane du SP95-E10 est suffisant.
Par contre, rien ne prouve que les autres caractéristiques de ce carburant (liées à la présence d'éthanol, qui est détergent, et à l'absence de plomb tétra-éthyle qui a des caractéristiques lubrifiantes) soient compatible avec ces moteurs.
A première vue, le carburant aviation UL-91 serait probablement mieux indiqué...
Concernant l' E85, la base est bien de l'éthanol, mais la proportion relativement élevée d'additifs divers, permet effectivement d'abaisser le point d'éclair du mélange pour l'utiliser sans réchauffage initial jusqu'à des températures de l'ordre de -20°C.
Sur ce point, cela ressemble au mélange qu'on préparait pour les moteurs de modèles réduits à auto-allumage par compression : 1/3 de pétrole "lampant" (kérozène) pour l'énergie, 1/3 d'huile minérale pour le graissage et étanchéité du piston dans le cylindre, et 1/3 d'éther éthylique dont le point d'éclair très bas permettait l'auto-allumage...
Personnellement, j'utilisais un mélange un peu différent qui augmentait un peu l'autonomie : 5/12 de fioul, 1/4 d'huile SAE90, et toujours 1/3 d'éther, mais le principe était le même.
Quand on fait le plein à la station, l'odeur révèle des volatils qui ne sont ni de l'essence de base ni de l'éthanol...
laverlochere a écrit:
une petite question = à - 25° vous allez voler ?
Personnellement, ça ne risque pas de m'arriver souvent... mais ce n'est pas aussi simple :
La température baisse de 2 degrés (Celsius ou Kelvin, c'est pareil dans ce cas) tous les 1000 ft, et il m’est déjà arrivé de voler au niveau 115...
A 11500 ft il fait environ 23 degrés de moins qu'au sol, ou des températures de -5 ne sont pas si rares... Et nous voilà donc dans un air à -28 : en dessous de -25 !
Bon d'accord pour monter au FL 115, le moteur d'un avion a tourné un moment et il est chaud, et à moins de survoler les hauts plateaux des Andes ou du Thibet, s'il s’arrête, on pourra toujours planer jusqu'à des altitudes où la température plus élevée permettra sa remise en route...
Par contre pour un Moto-planeur ou un planeur doté d'un "turbo" (petit moteur auxiliaire ne permettant pas le décollage autonome, mais assurant un taux de montée entre 100 et 200 ft/min en air calme) je déconseillerai nettement l'usage du E-85 et à plus forte raison d’éthanol pur!
Pour faire simple, tout ce que j'ai écrit dans mon post précédent concerne
l'éthanol pur ou presque utilisé comme carburant au Brésil, chez-nous ce produit aurait pour nom E-100.
L'ajout d'additifs peut effectivement modifier considérablement certaines caractéristiques du produit principal du mélange (comme le point d'éclair) par contre, l'effet sera forcément limité pour d'autres caractéristiques (comme le pouvoir calorifique).
En ce qui concerne le pouvoir calorifique, pour une combustion complète, celui du mélange est égal à la somme des contributions calorifiques des composants du mélange.
Le pouvoir calorifique de l'éthanol est environ 70% de celui de l'essence de pétrole (à cause de la présence de l’atome d'Oxygène dans la molécule de C2H5
OH).
Si on met 80% d'éthanol dans un mélange dont le pouvoir calorifique serait identique à celui de l'essence de pétrole, la contribution de l'éthanol serait de 80% x 70% = 56% du pouvoir calorifique du mélange.
Cela voudrait dire que les 20% d'additifs couvriraient les 44% restants, et donc que le pouvoir calorifique de cet additif serait égal à 44%/20% = 220% du pouvoir calorifique de l'essence de pétrole.
Ce dont je suis sûr, c'est que des même sans parler de prix et de toxicité, des produits liquides et stables dont le pouvoir calorifique est 2,2 fois celui de l'essence de pétrole, ça ne court pas les rues !
Alors je ne sais pas quelle est la composition du carburant dont Laverlochère fait état, mais je serais très intéressé de la connaitre...
Et en attendant, je reste extrêmement dubitatif quant à l'absence de surconsommation par rapport à l'essence de pétrole, surtout dans le cas d'un moteur assez chargé sur la durée comme celui d'un avion!
Bons Vols
Philippe Dejean