Bonsoir à tous,
Allonger un bâti moteur est toujours possible, mais cela revient à en concevoir un nouveau, ne serait-ce que pour prendre en compte le flambage des tubes qui sont plus longs et dont une augmentation de diamètre peut se révéler nécessaire :
Il est vrai qu’en allongeant le bâti-moteur, on diminue la rigidité de la structure de soutènement du moteur, et par conséquent ses fréquences propres. La probabilité que certains modes propres soient excités par les vibrations du moteur augmente. Cela ne veut pas dire que c’est impossible, mais il faut en tenir compte dans la conception du nouveau bâti-moteur, et éventuellement dans le renforcement de la structure en arrière de la cloison pare-feu.
Quand l’allongement du bâti-moteur n’est que de quelques centimètres fréquences, un simple « étirement » de la structure prévue dans le plan selon l’axe de roulis ne pose pas de problème, mais il faut rester vigilent. En cas de problème vibratoires, la solution n’est pas évidente. On peut essayer d’augmenter encore plus le diamètre des tubes que ce qui est nécessaire pour éviter leur flambage, mais rien ne prouve que ce sera suffisant, notamment si le problème est un manque de rigidité des points d’ancrage sur la cellule.
Avec les 2 pilotes-passager (avant) assis derrière le point de centrage, la position du passager arrière est problématique. - S’il est assis dans le même sens que les autres, la place pour les jambes est très réduite et la position est très inconfortable. - Certains Saphir ont le passager tourné de 90 degrés vers la gauche. Il est donc assis derrière le passager avant droit avec les jambes derrière le pilote. Ce qui semble une bonne idée en termes de centrage (tant que le dossier avant n’est pas trop incliné) n’est pas meilleur en terme de confort à cause de la courbure de la verrière qui oblige le passager arrière soit à se mettre en boule, soit à décaler son buste vers l’axe du fuselage, ce qui réduit d’autant l’espace pour les jambes. - La solution qui me semble la plus confortable consiste à assoir le passager arrière sur l’axe du fuselage, mais tourné vers l’arrière, avec le buste le plus en avant possible, c’est-à-dire avec la tête presque entre celles des passagers avant. C’est efficace en termes de centrage, la hauteur est suffisante, et il est possible de ménager un espace au-delà du cadre arrière de l’habitacle pour déplier les jambes.
Augmenter le volume du réservoir avant ne me semble pas une bonne solution. Pour illustrer mon propos je vais prendre l’exemple du CP605 (que je connais bien : j'en ai un). Le CP 605 est doté d'un réservoir avant de 80+ litres et deux réservoirs d’apex de 45 litres chacun. Ces derniers sont très près de la plage de centrage et n’ont que très peu d’influence sur le centrage au cours de leur vidange par le moteur.
Avec seulement 2 personnes (même relativement lourdes) à bord sur les sièges avant, on peut remplir les 3 réservoirs et au décollage, l’avion est franchement centré avant. L’empennage doit être fortement déporteur, ce qui induit une trainée accrue. Il est donc logique de consommer d’abord l’essence du réservoir avant, pour ramener le centrage dans une plage plus favorable, mais ce faisant, on risque de finir le vol sur les réservoirs d’Apex, et donc en difficultés en cas de panne de pompe à essence. Il faudrait donc garder un minimum de 20 à trente litres dans le réservoir avant qui peut alimenter le moteur par gravité pour rejoindre un aérodrome de dégagement en cas panne de pompe à essence, mais cette réserve maintient l’avion dans un centrage avant qui réduit les performances.
Avec trois personnes à bord, (ou deux adultes à l'avant et deux enfants légers à l'arrière) la MTOM n’autorise plus de faire les pleins complets. La charge sur la banquette arrière oblige, par contre, oblige à garder une certaine quantité d’essence dans le réservoir avant sous peine d’avoir un centrage trop arrière. On va donc, par exemple, remplir complètement le réservoir avant, et l’un des deux réservoirs d’Apex, l’autre restant vide. Après un décollage sur le réservoir avant (par sécurité au décollage), on va d’abord consommer l’essence du réservoir d’Apex (1h20 min de croisière), puis repasser sur le réservoir avant. Mais l’autonomie est réduite sous peine de finir le vol avec un centrage trop arrière : On a fatalement transporté moins d'essence, mais en plus une partie ne doit pas être consommée pour servir de gueuse à l'avant !
Il est évident que cette solution (héritée des monoplaces et biplace côte à côte) n’a rien d’optimale.
En toute logique la quantité de carburant à bord doit se traduire par de la distance franchissable, et ce que ce soit avec toutes les places occupées et peu de carburant, ou bien avec peu de personnes à bord, mais avec les pleins complets. Donc, le carburant supplémentaire doit reproduire le centrage qu’on aurait avec le passager supplémentaire, et donc se situer à un bras de levier proche de celui des sièges arrière.
Sur les DR300 et DR400, les passagers arrière sont littéralement assis sur le réservoir principal de 110 litres qui sert de banquette arrière. Sur les versions les plus puissantes, ce réservoir est complété par deux réservoirs d’apex. Que ce soit avec 2 personnes à bord et les pleins complets ou avec un ou deux passagers à l’arrière, et moins d’essence, la plage de centrage est bien plus facile à respecter. De plus au fur et à mesure que l’essence est consommée, le centrage ne recule jamais, et tout le carburant embarqué sert à la distance franchissable.
Asseoir les passagers sur un réservoir peut sembler assez peu sécurisant en cas de crash, mais ce n’est pas forcément pire qu’un réservoir placé juste au-dessus des jambes du pilote et du passager avant, qu’un choc violent peut arracher de ses fixations et déchirer : deux personnes peuvent alors se retrouver avec les jambes écrasées par un réservoir qui fuit… au-dessus des échappements chauds… (Perspective assez peu réjouissante, vous en conviendrez !)
Une bien meilleure place pour les réservoirs est donc dans l’aile, une partie devant le longeron, mais aussi une partie derrière le longeron pour jouer le même rôle que le « réservoir-banquette arrière » des DR300 et DR400.
Pour résumer : - Un grand réservoir est utile quand on veut augmenter l'autonomie quand toutes les places ne sont pas occuppées. - Comme le passager absent est logiquement la troisième personne qui s’assoit à l’arrière, le réservoir supplémentaire doit se trouver également à l’arrière. Sinon le carburant supplémentaire avance plus encore le centrage par rapport à la situation de 2 personnes à bord qui correspond déjà naturellement à un centrage avant.
Bien entendu, cela suppose qu’à vide l’avion soit suffisamment léger de l’arrière, ce qui pose quelques contraintes de positionnement du train principal pour un avion à train classique.
Pour un avion qui serait relativement lourd de l’arrière, et autant que cela soit possible, il est beaucoup plus efficace de reculer l’aile de quelques centimètres que d’avancer le seul moteur, qui, lui, devrait avancer beaucoup plus pour obtenir le même effet.
Bons vols
Philippe Dejean
_________________ Les fourmis sont des guêpes comme les autres !
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